Cédons encore une fois à la facilité du texte anonyme

Publié le par salsifis

Et cela épargnera bien des migraines, pour celles (et ceux, soyons fous ) qui ont été effrayées par les chroniques :-D


MASQUES





Pour faire une bonne blague à la famille endeuillée, il s’est rendu chez eux avec sur le visage un masque à l’effigie du défunt. La farce a réussi au-delà de toute espérance: convaincus d’avoir déjà affaire à un fantôme, tous les parents du mort se sont enfuis en hurlant et même de respectables grands-oncles ont détalé comme des lapins.
La maison vide, il s’est rendu dans la chambre où reposait le cadavre. Mais lorsqu’il a voulu ôter le masque il s’est aperçu que celui-ci s’était si bien adapté aux formes de son visage qu’il ne parvenait plus à le retirer; les traits factices du défunt étaient à présent les siens. Or, le défunt lui aussi portait un masque: pour épargner à sa famille le spectacle de ses traits crispés par l’agonie, on avait couvert son visage d’un morceau de drap blanc sur lequel on avait peint hâtivement un nez, une bouche très rouge et deux yeux.
Si bien que le farceur put se demander si, sous le morceau de drap blanc, ne se trouvait pas le visage qu’il venait de perdre.
Dehors, le crépuscule  s’éternisait. Des bruits montaient du village: les cris des grands-oncles qui revenaient, armés de bâtons et de fusils, pour en découdre avec le fantôme; les aboiements féroces de leurs chiens dans l’air si doux du début de l’été.
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